Home 2015 26 ottobre UE. ESTERO FRANCIA. COME EQUILIBRARE LE NECESSARIE PROCEDURE DI SELEZIONE PER L’ACCESSO ALL’UNIVERSITÀ
FRANCIA. COME EQUILIBRARE LE NECESSARIE PROCEDURE DI SELEZIONE PER L’ACCESSO ALL’UNIVERSITÀ PDF Stampa E-mail

La situation actuelle est grotesque. D'un côté, un principe quasi divin exhorte l'université à ne pratiquer aucune sélection, tant à l'entrée des études supérieures qu'à l'admission en second cycle: seule compte l'obtention du bac, puis celle d'une licence. De l'autre, on autorise une exception ahurissante à ce dogme: les directeurs de master 2 peuvent stopper discrétionnairement des études en cours de cycle afin de gérer le flux de postulants en rapport avec les exigences du marché du travail. Cette sélection entre master 1 et master 2 n'a aucun sens! En effet, pourvu qu'on soit un minimum discipliné avec soi-même, le passage d'une année à l'autre est assez aisé jusqu'en master 1. Il suffit d'apprendre les cours afin de replacer une ou deux des expressions favorites des chargés d'enseignement. Tous les efforts sont alors axés sur l'apprentissage et la régurgitation de connaissances, vite oubliées une fois les partiels terminés, pour s'assurer la moyenne et passer à l'échelon supérieur.
En parallèle, des centaines d'étudiants ayant réussi un master 1, bercés d'illusions dues à des discours utopistes et à un laisser-aller pédagogique, se présentent à un portillon dont l'accès est limité au nombre de postes susceptibles d'être pourvus. Ainsi, le système universitaire n'encourage jamais les étudiants à sonder la réalité du marché du travail, à questionner leur orientation professionnelle. L'université forme donc à la pelle des étudiants touristes, qui font juste preuve d'un effort de bachotage la veille des partiels et qui finissent avec des dossiers académiques identiques les uns aux autres là où, au contraire, il faut se démarquer aux yeux des directeurs de master 2. Cette méthode ne peut que susciter la défiance des employeurs.
Conscientes de la situation et du défaut d'employabilité de l'université, certaines filières pratiquent une sélection indirecte: l'idée est d'inciter les équipes pédagogiques à tirer vers le bas les notes pour n'accorder la moyenne qu'aux plus méritants, procédant ainsi à un écrémage parfois radical. Des établissements mettent aussi en place des cursus sélectifs: bi-licences, collèges universitaires, magistères, etc.
En nourrissant une atmosphère de travail plus rigoureuse que «la normale», ces universités s'assurent des promotions d'étudiants de meilleure qualité, plus motivées et mieux cadrées pour répondre aux exigences du marché du travail. Si ces formations sont les plus prestigieuses et insèrent le mieux sur le marché du travail, la multiplication de ces procédures de sélection rend le phénomène anarchique. Certes, la sélection en cours de scolarité s'avère indispensable, mais elle doit s'effectuer à des moments «charnières» du cursus et selon des règles transparentes et méritocratiques.
Le processus de Bologne organise les études supérieures en trois cycles: la licence, le master et le doctorat. Il conviendrait alors d'opérer une sélection avant l'entrée dans chacun d'entre eux. La sélection en premier cycle demeure la plus importante. Le filtre par l'intermédiaire du baccalauréat est désormais devenu une chimère: outre les voies alternatives pour accéder à des études supérieures, la valeur même de ce diplôme demeure contestable du fait de l'abaissement du niveau général constaté par les employeurs et de la multiplication des filières. Et puis, que faire, sans sélection et sans moyens proportionnés, des 50.000 étudiants supplémentaires qui viennent peupler chaque année les amphithéâtres? Ce système ne peut qu'aboutir à une explosion des sélections, aussi anarchiques qu'inégalitaires. Il serait plus pertinent d'instaurer des procédures de sélection pour entrer en licence, sur la base de plusieurs critères afin de mesurer l'adéquation du projet et du profil de l'étudiant avec les exigences, la réputation ou les capacités d'accueil de la formation. (Fonte: F. Louise e A. Maybon, Le Monde 17-09-15)